- Faire de la BD correspond-il à un rêve de gosse ou à un accident de parcours ?
Cela tient plutôt du rêve de gosse. J'ai toujours aimé raconter des histoires, et quand, adolescent, j'ai voulu passer la vitesse supérieure et les mettre sur papier, le médium BD est venu tout seul. En fait, il y avait pas mal de BD à la maison, mon père étant amateur. Je savais donc qu'il était possible de raconter plein de choses via la BD (c'était l'époque où paraissait le magazine "à suivre").
- Quel est votre regard sur la situation actuelle de la BD et où vous situez-vous sur le marché ?
La surproduction est terrible. Les sorties BD sont noyées dans un flot de titres, et le porte-monnaie du public n'est pas extensible! L'offre dépasse carrément la demande, et ça n'est pas bon!
"Cliff and Co", pour sa part, a reçu un excellent accueil critique et public (pour le coup, nous avons su rester visible au milieu de toutes les sorties). Malheureusement, ce succès d'estime ne s'est pas ressenti sur les ventes. Espérons que le second cycle permettra de tirer notre épingle du jeu. C'est en tout cas le pari de l'éditeur.
- Considérez-vous la BD comme un art ?
La BD est sans aucun doute un art. Il y a de grandes œuvres et des daubes, comme partout, mais c'est un art. Son langage, né du mariage entre le mot et l'image, est terriblement riche et puissant, capable de donner l'impression du mouvement, du bruit et de la musique, capable de rendre compte sur un bout de papier de l'immensité d'un paysage, capable aussi de rentrer dans l'intime et de faire naître l'émotion... Il n'y a pas là "d'art mineur" ou "d'artisanat". Il y a un savoir faire, un talent, et l'expression d'une idée.
- Comment définiriez-vous votre style ?
Mon style est plutôt classique, de l'école "réalisme et ligne claire". J'espère pourtant avoir ma propre patte.
- Il y’a-t-il des auteurs qui vous influencent ?
Sans cesse. En fait il faudrait plutôt dire qu'il y a des auteurs qui me séduisent ou qui m'impressionnent, comme la lumière impressionne la pellicule photo (de l'époque pré numérique). Le dessin reste alors en mémoire, et il devient source d'influence. C'est aussi valable pour les œuvres littéraires, cinématographiques, etc... Quand je dessine, je me réfère à un canon qui est quelque part dans mon imaginaire, à la croisée de toutes mes influences.
- Quelle est la journée type de Winoc ?
Ma journée-type est rythmée par mes enfants, qui sont encore en bas âge. Je travaille donc pendant qu'ils sont à l'école, de 9 h à 16h30. Je passe ensuite la soirée avec eux, et je me remets au travail le soir, lorsqu'ils sont couchés.